Durant
quelques décennies à la charnière du XIX
et du XX siècles, la vie culturelle russe connut une remarquable
renaissance artistique, y compris dans le domaine de la littérature.
Le pays s’ouvrait à l’Occident. La vie
artistique russe adaptait l’Art Nouveau à ses exigences propres, ce qui
entraînait des recherches sans précédent sur des modes d’expression dans
différentes sphères de la culture nationale.
Cette période éblouissante se nomme
« l’Age d’argent » en référence à « l’Age d’or » de la
Russie littéraire de Pouchkine et de Gogol.
La couleur argent se réfère également au
scintillement de la lune, symbole de la décadence, de la déchéance, du
pressentiment d’une catastrophe. L’Age d’argent de la Russie est né au
crépuscule de l’ordre impérial. Il a coïncidé avec des bouleversements majeurs,
sociaux et politiques en Russie et dans le monde. Les artistes et les
intellectuels répondirent à ces événements, explorant les concepts de violence,
de déni et de vision utopique. Certains, comme le poète Alexandre Blok, le
compositeur Skriabine et le peintre Vroubel sacrifièrent leurs forces sur
l’autel des rêves esthétiques ; d’autres, comme le danseur Nijinski et
l’architecte Chekhtel créèrent de nouveaux systèmes artistiques, tandis que
d’autres encore comme le poète Maïakovski et le photographe et designer
Rodchenko, mirent leurs talents au service de la doctrine politique.
Nombre des créateurs associés à cette
période ont connu une renommée internationale : Marc Chagall, Fédor
Chaliapine, Anton Tchékhov, Serge Diaghilev, Carl Fabergé, Vassily
Kandinsky, Kasimir Malevitch, Konstantin
Stanislavski, Igor Stravinsky.
L'Âge d'Argent (1890-1930)
Le symbolisme fut le ferment philosophique
et esthétique qui permit l’essor de l’Age
d’argent russe. Ses valeurs – le refus du monde des apparences, la
recherche d’une forme artistique idéale, l’exaltation du monde intérieur – ont
laissé une empreinte profonde sur tous les genres de littérature russe du XX
siècle.
La poésie russe connut à cette époque un
épanouissement formidable avec l’apparition de nombreux mouvements, groupes et
écoles poético-philosophiques, tels que symboliste, acméiste, imaginiste,
futuriste, qui cherchaient à ranimer et à enrichir la langue poétique russe en
innovant ses formes, ses rythmes, ses couleurs
et son vocabulaire.
Mais les meilleurs poètes de cette période,
comme Alexandre Blok, Anna Akhmatova, Boris Pasternak, Ossip Mandelstam et
beaucoup d’autres, surpassaient les cadres restrictifs des théories et des
doctrines de groupes, en nous laissant des chefs-d’œuvre impérissables qui
continuent à illuminer le Parnasse russe de leur délicate et spirituelle
lumière argentée.
Natacha
Armand