Extraits de la conférence de Madame Irène Soologorsky :
Elle a d’abord rappelé que la Russie du 18ème avait surtout une tradition orale et que, grâce à Pierre le Grand, elle s’était ouverte sur l’Europe. Elle est devenue ensuite très francophile.
En réaction à l’invasion de Napoléon en 1812, Pouchkine donna naissance à la littérature russe, suivi ensuite par les courants du 19ème siècle : le roman russe avec Tolstoï et Dostoievsky, puis le fantastique avec Gogol. Le début du 20ème siècle fut un éblouissement culturel en Russie dans tous les domaines ; les années 20 virent apparaître Tsvetaieva et Maïakovski.
Après la révolution russe, la littérature soviétique prit son essor avec un formidable développement de l’édition et de la traduction. Hors des écrivains officiels s’est alors développé l’art de l’allusion chez de nombreux auteurs (Victor Nekrassov : Les tranchées de Stalingrad) qui permit dans la société la naissance de la perestroïka. Mais un certain nombre d’écrivains quittent l’URSS ou sont contraints de s’exiler.
A l’arrivée de Gorbatchev, les écrivains abandonnent les schémas officiels et abordent de nouveaux thèmes : Raspoutine (1984 L’incendie), Aïtmatov (Les rêves de la louve, tirés à plus de 50 millions d’exemplaires), Astafiev. La poésie a aussi ses grands maîtres : Voznessenski, Vyssotski, Harms. C’est une période de découverte des auteurs étrangers et russes exilés (Soljenitsyne). Les revues tirent à des millions d’exemplaires.
Après la chute de l’URSS (1991) ce sont les ténèbres de la littérature. Des revues passent de 20 millions d’exemplaires à 2 000. Il faudra attendre la fin des années 90 pour qu’apparaisse une nouvelle littérature avec le roman policier (Boris Akounine, Alexandra Marinina) qui réveille le goût de la littérature. Puis arrivent une littérature noire (Kalidine : Triste cimetière) et une littérature du sexe (Narbikova).
On assiste alors au sauvetage de la littérature russe grâce à l’appui des oligarques et des banques avec la création de prix littéraires : le prix Booker en 1992, le prix Triomphe (fondé par Bérézovsky) qui récompense l’ensemble d’une œuvre, puis le prix Début (pour les jeunes écrivains).
Une nouvelle littérature naît, diverse :
dans la Russie avec des centres littéraires différents (Moscou, Saint-Pétersbourg, Oural, Oufa, …),
dans le monde avec des écrivains dispersés (Israël …),
différentes générations (Aïtmatov : Tuer ou ne pas tuer ; Daniel Granine).
Les thèmes sont variés selon les auteurs : Oulitskaïa (Sonetchka), Prilepine (Pathologies), Kourkov (Le pingouin), Popov (Danser jusqu’à la mort), Guérassimov (La soif), Igor Saveliev (La ville blême), Makanine, …
Ils refusent de diffuser des valeurs modèles, mais souhaitent appréhender la réalité à partir de la fiction et l’imaginaire. Les tirages sont souvent limités, mais de nombreux écrivains sont nés.
Il faut lire cette littérature si on veut comprendre la Russie. C’est la meilleure porte pour comprendre les Russes.
NB. Vous trouverez d’utiles références et une bibliographie sur le site des « Lettres russes »
http://sokolo.lrs.free.fr